Malia Metella, entre Gloire et Lassitude
D’Amérique du Sud à la France
C’est en Guyane Française que le 23 février 1982, Maman Djamila, d’origine Marocaine et Papa José mettent au monde la petite Malia Metella, à Cayenne plus exactement où elle débutera la Natation très jeune, dès l’âge de 4 ans au sein de l’USLM Pacoussines-Cayenne. Malia évoluera avec ce club jusqu’à sa vingtaine passée et atteindra la plus haute marche des Championnats de France en 2001 et 2002 sur les 50m NL et 100m Pap. Des premières victoires sur le plan national qui lui permit d’intégrer l’INSEP, près de Paris où elle sera entraînée par Jean-Lionel Rey et Patricia Quint. Durant l’été 2003, Malia Metella manque d’un cheveu de se qualifier pour ses premiers Championnats du Monde à Barcelone. Mais c’est un malheur d’une tout autre importance qu’elle doit faire face : son père José succombe à ce moment-là des suites d’un cancer. Malia ne l’apprit qu’après coup étant donné que sa mère ne voulait pas la perturber dans ses qualifications. Malia regrettera toujours qu’avec la séparation géographique elle ne put lui dire au revoir avant son dernier souffle.
Une ascension prudente
Un bon test avant l’Euro en Petit Bassin de Dublin fin 2003 où elle sera la grande surprise de l’équipe de France de Natation où elle remporte le 100m NL et accroche la médaille de bronze au 50m. Elle échoue à la quatrième place du 100m Papillon, son autre spécialité. Mais 2004 s’annonce sous les meilleures hospices pour Malia. Dès le printemps, elle bat le record de France du 100m NL vieux de quinze ans avec un certain relâchement tout en conservant l’amplitude et la vélocité. C’est avec ce même relâchement que Malia Metella se présente à l’Euro en Grand Bassin à Madrid. Lors de la Finale du 100m NL, elle n’est que 5ème au bout de 50m, derrière la championne du monde en titre, la Finlandaise Maria Seppala. Mais avec un dernier 25m de feu où elle dira plus tard qu’elle pensa à sa mère en Guyane, Malia remporte le titre Européen ! Elle repartira de Madrid avec également une médaille de bronze glanée sur le 100m Papillon ainsi que deux autres médailles d’or sur les Relais 4x100m NL et 4x100m 4 Nages !
L’apothéose des JO d’Athènes
L’été 2004 arrive et Malia Metella participe à ses premières Olympiades à Athènes. Qualifiée pour la finale du 100m NL, elle finit à seulement un dixième de la 3ème place, course remportée par l’Australienne Jodie Henry, suivie d’Inge De Bruijn et de Natalie Coughlin. Malia est à ce moment-là tellement déçue d’être passée si près du podium que ça va au contraire lui donner la force et l’énergie pour rebondir sur le 50m NL dont la finale a lieu 2 jours plus tard. Sous les yeux de ses entraîneurs du moment, Stéphane Lecat et Jean-Lionel Rey tout deux convaincus qu’elle peut tenir là sa revanche, Malia se qualifie pour la finale du 50m NL. Avec sa grande détermination, elle décide de nager cette finale sans respirer. Au couloir 3, Malia n’est encore que 7ème à 7 mètres de l’arrivée et c’est dans ces derniers instants de la course qu’elle donne tout ce qu’elle a dans le ventre pour arriver, grande surprise, à la deuxième place après la Néerlandaise Inge De Bruijn ! Agée tout juste de 22 ans, Malia Metella remporte la médaille d’argent olympique. Elle n’oublie pas à cette occasion de rendre un bel hommage à son père. Cette médaille, c’est à la France qu’elle l’apporte, mais pour elle, c’est aussi à sa Guyane natale qu’elle la dédie, étant donné que Malia devient de ce fait la première Guyanaise médaillée olympique de l’Histoire !
Un nouveau standing à tenir
Malia termine l’année 2004 par un nouveau titre européen en petit bassin sur le 100m NL ainsi que par une médaille de bronze sur le 50m NL. Galvanisée par cet enchaînement de succès, Malia continue à s’entraîner 30 à 40 heures par semaine, 6 jours sur 7. Lors des Mondiaux de Montréal, sur l’Îles Sainte-Hélène en juillet 2005, Malia Metella boucle la finale du 100m NL en 54’’74, toujours avec la technique sans respiration sur les 10 derniers mètres, arrivant deuxième ex-aequo avec l’Américaine Natalie Coughlin et derrière l’Australienne Jodie Henry. Malheureusement, comme pour tout nageuse ou nageur de sprint en natation, les entraînements sont très souvent jumelés avec des séances de musculation et l’enchaînement de tout cela cause une certaine fatigue à la longue chez Malia. Au point qu’un matin d’octobre 2005, elle se réveille avec une inflammation du cartilage du thorax, ce qui lui rend la respiration difficile. Malia rejoint le club du TOEC à Toulouse courant 2006 où les kinés et la mésothérapie quotidienne entrent en scène. Elle reprend progressivement l’entraînement mais elle ressent toujours des douleurs à tel point qu’elle finira par se dégouter à terme de la Natation. Comble de malchance, Malia attrape la gale lors d’un stage à Font-Romeu, en altitude. C’est dans cet enchaînement de couacs physiques que la carrière sportive de Malia Metella va tourner court. Elle décroche tout de même la médaille de bronze du relais 4x 100m NL lors de l’Euro en Grand Bassin à Budapest en 2006 ainsi qu’à l’Euro en petit bassin à Debrecen en Hongrie en 2007. Elle participe aux JO de Pékin en 2008 mais échoue à se qualifier pour la finale du 50m NL. Sa participation aux mondiaux de Rome en 2009 ne donnera pas plus de bon résultat.
Une retraite poussive et bien méritée
Dans ce contexte de lassitude vis-à-vis des bassins, des entraînements, de la Natation en somme, Malia Metella annonce sa retraite sportive en novembre 2009, décision que sa mère mettra du temps à digérer. Mais déjà dans son sillage se profile son petit frère Mehdy prêt à reprendre la relève.
Malia a bien anticipé sa reconversion avec ses études en école de journalisme durant ses dernières années de Natation au plus haut niveau. Elle jongle aujourd’hui sur différents projets comme être chargée Hospitalité chez l’assureur Allianz lors des match de TOP 14 de Rugby ou de Ligue 1 de Football. Par contre pour ce qui est de revenir dans le milieu de la Natation, la Guyanaise ne se presse pas mais n’exclue rien pour l’avenir.
Vice-championne olympique et du monde, triple championne d’Europe, Malia Metella a contribué à l’essor de la natation tricolore avec Laure Manaudou. Si la Guyanaise est restée dans l’ombre de la championne olympique, cela ne l’a pas empêché de marquer de son empreinte sa discipline. Avec Laure Manaudou, Malia a constitué un modèle pour toute une génération de nageurs tricolores à l’instar d’Alain Bernard qui dit avoir puisé sa force dans sa médaille d’argent olympique pour devenir à son tour Champion Olympique du 100m Nage Libre 4 ans plus tard à Pékin en 2008 !